18h43, je reviens de chez le pharmacien, deux boîtes de test de grossesse à la main. Mon mec rentre tout juste du travail. « Salut chéri, j’ai un doute pour ce mois-ci, je vais faire un test, j’ai un peu de retard. » Test positif. Vous connaissez la chanson… « Ce serait bien vers les 30 ans de faire un enfant. » J’ai 30 ans, un amoureux qui en a envie. On est loin de s’imaginer l’immense chambardement à venir.
Ma première réaction après le test : « Verse-moi mon dernier verre de vin blanc ». Réponse : « Non chérie, c’est pas… ». Il n’a pas le temps de finir que je rétorque : « Si, le dernier ».
Et là, tout se chamboule dans ma tête. J’allume aussi la dernière clope, enfin… L’avant, avant, avant, avant dernière.
Au début, on voudrait prévenir la terre entière de l’heureux événement. Tu oscilles entre la joie et la peur. Une mécanique étrange se met en route à l’intérieur de ton corps. Une chose incroyable qui se vit à mon avis d’une manière singulière pour chaque personne.
Mais parlons des hormones. Ces satanées hormones. Jamais avant, je n’avais pleuré de tristesse et eu un fou rire en même temps. L’affaire a duré les cinq premiers mois de ma grossesse, de façon cyclique.
On m’a droguée c’est pas possible !
Certains week-ends, j’aurais juré qu’on m’avait donné de la drogue. Je trouvais tout merveilleux et beau. Le lendemain, et j’ignore encore pourquoi, j’avais juste envie de tuer mon conjoint. Il était pourtant si mignon, en plus il jouait de la guitare. Je vous jure que si j’avais pu, je la lui aurais cassée sur la tête.
Je passe sur les nausées, la constipation, les pertes de mémoire… En tant que fêtarde, je dois par contre évoquer cette immense frustration : 9 mois sans boire un apéro, c’est le plus difficile au début.
Quand ton chéri invite des amis à la maison le soir et que tu ne peux pas boire d’alcool, alors que eux, oui ! Franchement c’est dur ! Au début, on arrive à parler ensemble mais très vite la communication se complique. Nous ne sommes pas dans le même état.
Tout m’énerve, et puis …
Moi, l’adepte des nuits blanches, j’ai pris le pli de me coucher à 10H30 avec une série à regarder, casque sur les oreilles pour ne pas les entendre rire. Tout m’énerve, je vous dis
Et puis…
Certaines questions ont commencé à me travailler. Par exemple : suis-je sûre de vouloir un enfant ? Hahaha! Trop tard, tu l’as voulu tu l’as eu ! Après apparait la question du changement de statut, de jeune femme à mère, la « MILF ». Et tous ces fantasmes de grand voyage et de vie sans attache. Finis. Là, j’ai commencé à avoir l’impression de perdre ma liberté.
Et puis… Un beau jour, vers les trois mois, tu rencontres ton bébé avec l’échographie, et c’est magique. Et un peu après, tu commences à le sentir bouger. Tu passes des heures sur des sites à lui chercher un prénom. Tu n’aurais jamais cru que ton homme te trouverait toujours belle avec 10 kilos en plus. Tu te sens au début d’une nouvelle aventure. Et ça te plait. Et bon sang t’aimerais bien lui dire d’arrêter avec cette guitare, mais tu peux plus, ça fait danser le bébé.
Tatie Paulette