La Réunion : Et si on changeait d’île ?

La Réunion, comme toutes les îles des départements d’Outre-Mer, est une terre où l’agriculture locale et les produits Peï font partie du paysage. S’ils font la fierté de beaucoup, ils font surtout la richesse d’un petit nombre au détriment de la majeure partie de la population… 

Sur les pentes de l’ile Bourbon, les champs de cannes à sucre sont omniprésents. Les parcelles dessinent le paysage et longent les ravines jusque dans les Hauts. Si chacun d’entre nous sait à quoi servent les plantations de la canne à sucre, il est rare d’entendre parler des conséquences de cette monoculture imposée.
Imposée parce que les subventions sont monopolisées et que l’agriculteur qui voudrait se mettre à son compte n’aura pas d’accès à la terre promise par ses envies. Les objectifs de l’entreprise brésilienne Téréos qui gère les plantations, sont définis entre la Préfecture, la Région et Tereos eux-mêmes.

Encore faut-il avoir conscience des conséquences de cette gestion des sols

MONOCULTURE = TOUJOURS PLUS DE PESTICIDE

La santé publique est mise en cause par de nombreuses associations et documentaires sur le sujet. Tout le monde agricole s’accorde à dire qu’à trop planter une même culture sur un même endroit, on laisse se développer des maladies qui obligent à utiliser pesticides et fertilisants pour palier ce fléau.

À la Réunion, dans les champs de cannes, on utilise chaque année des milliers de litres de désherbants, pesticides et autres engrais chimiques. Cette gestion se traduit par une pollution désastreuse des sols, de l’air et de l’eau, entraînant un risque accrue pour la population. 

Selon un rapport de la CIRAD, de nombreux cas de personnes atteintes de cancers et de la maladie Parkinson sont dues à cet épandage.

Pour lire ce rapport, c’est par ici : https://agritrop.cirad.fr/580540/1/GUIDE%20CANNE_DEF.pdf

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La permaculture et les jardins partagés comme alternative.

Malgré une fertilité extra-ordinaire, les sols agricoles réunionnais sont aujourd’hui réservés à 60 % à cette culture de la canne à sucre. Une production basée sur les bénéfices directs d’une seule entreprise internationale qui obéit avant tout à des désirs de profits.

Curieuse politique de fait dans une île qui cherche soit disant à diminuer sa dépendance à l’importation et fait la promotion de l’entreprenariat Peï.

Il faut comprendre que la permaculture, (association de plantations diverses sur une même parcelle), est comme le disent haut et fort de nombreux agriculteurs de la nature, l’alternative facile à l’industrialisation chimique de l’agriculture. Les calculs de rentabilité et de productivité de la permaculture sont nettement plus avantageux et permettraient à l’ile de la Réunion comme partout ailleurs, de moins importer.

Une indépendance alimentaire qui changerait le quotidien de tous les habitants et l’économie de la région entière. Mieux, cela diminuerait nettement la pollution due aux transports des marchandises et à la consommation de ses produits chimiques de l’une des plus belles îles de la planète.

Dans l’absolue, les nouveaux agriculteurs Peï auraient ainsi main mise sur les produits locaux, ce qui est loin d’être le cas de nos jours… si toute fois cela à déjà été le cas.

Avant d’être vendue à Tereos, l’exploitation des cannes à sucre était la propriété d’un groupe familiale dont le nom est Marbour. Une entreprise créé pour regrouper les nombreuses possessions de la famille Bourdillon, dont la fortune c’est faite à Madagascar durant la colonisation Française de la Grande Île.

Marbour – pour Marcellin Bourdillon – est aujourd’hui basée à Marseille et étend son empire de Madagascar à Maurice, en passant par l’Europe entière et surtout, à l’île de la Réunion. Si vous avez déjà acheté des produits estampillés COROI, SIGLOI ou LE FORBAN, ce qui semble inévitable à la Réunion, vous avez participé à la fortune de ce groupe.

Impossible donc de passer à coté de Marbour pour les habitants de l’ile. Pourtant peu d’entre nous connaissent cette nébuleuse industrielle.

En plus d’avoir développé la monoculture de la canne dans les départements d’outre-mer, l’entreprise Marbour est aussi un des plus gros vendeur de riz du Monde. Et lorsque l’on sait que le riz blanc est un des facteurs du diabète de type 2, on comprend mal comment une telle entreprise à pu se développer devant les yeux fermés de l’administration réunionnaise.

Bien entendu, il n’y a rien d’illégal dans tout cela. C’est juste du business. Et dans le business, on ne fait pas de l’humanitaire, et encore moins de l’humanisme.

N’en déplaise à certain, la nébuleuse Marbour fait tourner ses affaires par l’ile Maurice ou les impôts se font rares. Pour ce qui est de ses affaires en France, elle donne dans le street art, avec du mécénats d’artistes graffeurs et un festival organisé dans les jardins de son gigantesque siège situé à Marseille.

Avec des dons à des fondations dont les abattements sur la feuille d’impôts font rêver les plus riches entrepreneurs, la société familiale Marbour ferait presque oublier que lorsqu’une famille réunionnaise fait ses courses dans une grande surface, dans une boutique de quartier ou même dans l’épicerie Peï de l’aéroport de Saint Denis, il est presque impossible de ne pas donner au moins quelques euros à cette illustre famille dont l’entreprise colonialiste transpire encore de nos jours.

Et même si nous cultivions tous nos légumes et nos fruits. Il faut bien comprendre que, sur l’ile de la Réunion  : Le bitume, le gaz de nos bouteilles, les lubrifiants de nos voitures, le pétrole, l’eau, l’alimentation, le transport etc etc, si vous cherchez un peu derrière tout cela, vous trouverez toujours une maque qui appartient à Marbour.

Et si malgré tout les responsables de la vie chère étaient ceux qui consomment  ?

Puisque les lois de notre pays permettent de tels agissements, peut-on vraiment reprocher à un groupe de personnes, réunis en lobby familiale ou pas, de surfer sur la vague de la législation ? La réponse est qu’il est toujours plus facile de se plaindre et de ne rien faire pour que les choses changent.

Pendant que certains regardent le temps passer et grandir leurs enfants, d’autres s’enrichissent en jouant des tours de passe-passe. Il serait peut-être un jour temps de ne pas compter sur les politiciens dont le CV est rempli de temps passé sur les bancs de ces mêmes entreprises et de reprendre les cartes en mains pour porter la voix qui est celle du peuple. Un peuple qui, comme le dit la chanson « a beaucoup souffert » mais qui comme on le ressent partout, « ne veut plus souffrir ».

Tous responsables alors ?

Oui. Nous sommes tous responsables. De ce que nous consommons. De ce que nous laissons faire par les personnes que nous avons élues. Des cadeaux que ceux là font à telle ou telle entreprise également. La solution est donc dans notre mode de consommation. Dans le regard important que nous portons à l’action publique.

Parce que sans l’avale électorale du peuple, un élu n’a aucun pouvoir. Il est peut être temps de prendre conscience du pouvoir qui est celui du citoyen, derrière son droit de vote et son engagement à qui sait, créer un nouveau parti, ou à faire la révolution, et même à s’abstenir.

Le Monde est à nous. Ne l’oublions pas.

Alon la renyon… bouge out ki té!!!

 

Avec tout le plaisir d’écrire pour Zen et Zolie….

Olivier Crenn

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